louislaouchez

Biographie

Louis Laouchez 1934 - 2016

L’art de Louis Laouchez se distingue comme engagement tenu sans relâche. Figure singulière de la scène martiniquaise, il s’emploie depuis ses débuts à rechercher la réalité de la Martinique, de l’être et de l’histoire martiniquais. Une fresque, Memwa, en témoigne dans les jardins de l’Hôtel de Région. La défense de la culture négro-caraïbe représente une position globale esthétique, éthique et politique, d’artiste et de citoyen.

À la croisée de l’Afrique et des Caraïbes, le monde noir est divers et riche. PORTRAITS LLSources d’inspiration et références abondent dans une œuvre où la tradition fonde l’unicité et l’innovation de la pratique à venir. Cette œuvre dit la violence du monde, et nomme explicitement toutes les pièces, en empathie totale avec le spectateur.

Cette âpreté s’exprime dans un style puissant, très original et libre. Louis Laouchez exploite une importante variété de médiums (peinture, gravure, sculpture, céramique, travail du métal…) et de matériaux (bois, toile, papier, métal, écorce…). Il maîtrise une abstraction lyrique ouverte, une figuration expressionniste, le jeu des matières, la connaissance de signes et de symboles anciens, un goût pour l’Histoire, mis au service d’une grande vigueur gestuelle

Des supports inhabituels et rugueux, des formats souvent imposants, un dessin toujours très sûr, des couleurs à la fois sourdes et claquantes amplifient des évocations directes.

L’homme est au centre de ce travail. Des silhouettes discrètes et fières, des figures dont le fier hiératisme rappelle celui des sculptures dogons peuplent ses toiles comme ses totems. La gamme chromatique est paradoxalement resserrée et opulente. Elle se décline autour de tonalités mates et terreuses venue des teintes naturelles, des noirs, des blancs, des ocres. Elle explose dans des rouges, des bleus, des jaunes.

Louis Laouchez crée ses œuvres comme un architecte, comme on pose une structure dans l’espace. Il s’affronte aux thèmes, aux matériaux et aux effets visuels dans des peintures-sculptures et des sculptures-peintures.

Joëlle BUSCA • Docteur en Esthétique

Louis Laouchez est né en 1934, à Fort-de-France (Martinique). Il grandit à Sainte–Thérèse et marque très tôt une prédilection pour le dessin et la nature et une attirance pour les activités manuelles.

Il quitte la communale pour le cours complémentaire des Terres Sainville, où M. Peu, professeur de dessin, le forme à une expression authentique.

Il passe avec succès le concours d’entrée à l’Ecole des arts appliqués et s’inscrit en poterie céramique. Ses études le mènent à un talent très sûr de tourneur et à une maitrise des techniques picturales.

Il expose au 3e salon des artistes martiniquais.

Il obtient un diplôme national en dessin, décoration et céramique et décide de partir en Côte d’Ivoire comme professeur de dessin et d’arts plastiques. Il exercera à l’Ecole normale d’instituteurs de Dabou, puis, après son service militaire, au lycée classique et moderne de Bouaké. En Afrique Laouchez affine sa pratique artistique. L’œuvre se densifie, prend un style immédiatement reconnaissable, une beauté propre et, d’exposition en exposition (Abidjan en 1964, Bouaké en 1965 et 66), affirme sa singularité. Sa présence au Festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966 couronne une réputation naissante et déjà flatteuse.

Il quitte l’enseignement pour mettre ses connaissances d’artisan au service de la Haute Volta. La tâche lui est confiée de créer et de diriger à Ouagadougou le centre national d’artisanat d’art de Haute-Volta.

Après une parenthèse de quelques mois employée à l’obtention d’un diplôme national des beaux-arts à Marseille, il rejoint le ministère ivoirien du tourisme et de l’artisanat comme conseiller pour la création d’un office national de l’artisanat d’art. Serge Hélénon, son condisciple à l’EAA et à l’EAD le retrouve en Côte d’Ivoire. Ils créent l’Ecole Négro-Caraïbe dont le manifeste balise le terrain de leur recherche.

De retour en Martinique, il participe à la mise en place d’une structure dédiée aux métiers d’art.

Le ministre ivoirien du tourisme le rappelle à ses côtés comme conseiller technique et directeur de l’artisanat.

Revenu définitivement en Martinique, il poursuit son cheminement artistique et s’investit dans des fonctions de responsable du bureau de l’artisanat au conseil régional.

Il se consacre depuis 1996 à sa passion : créer.

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